À la fin de l’année 2019, le citoyen occidental lambda n’avait pas prêté beaucoup d’attention aux communiqués de presse en provenance de la Chine, s’adonnant joyeusement au shopping de Noël et à la préparation des festivités du jour de l’An. Un mois plus tard, émergeait la partie haute de l’iceberg et depuis une année, nous ne cessons pas d’en mesurer la taille. La catastrophe est arrivée sans que l’on s’y attende et a ébranlé nos plus fortes convictions. Nous pensions être vulnérables au terrorisme, au changement climatique et à bien d’autres choses mais une épidémie mondiale, nous ne l’avions pas sérieusement envisagée.
La COVID a touché l’humanité tout entière. Elle a fait plus de deux millions de morts et poursuit encore sa course avec quelques mutations au passage tandis que les campagnes de vaccination sont seulement à leurs débuts, entachées de multiples vicissitudes. La COVID passera un jour ou l’autre, nul ne sait quand, mais une chose est certaine : plusieurs générations resteront marquées à vie et l’on commence déjà à se demander ce que sera « le monde d’après ».
En ce qui concerne le monde d’aujourd’hui, examinons comment, dans l’Union Européenne, les économies ont été « mises sous perfusion » afin de résister aux multiples problèmes causés par la COVID et le confinement imposé aux populations.Les gouvernements de l’UE ont adopté des mesures destinées d’abord à aider les entreprises en difficulté et à soutenir les ménages. Pour les entreprises, de nombreux dispositifs de soutien à la trésorerie ont été mis en place : la possibilité de contracter des prêts garantis par l’Etat, de reporter les échéances fiscales ainsi que les cotisations sociales. Quant aux salariés des entreprises les plus touchées par le confinement (principalement les secteurs de la restauration, du sport et de l’événementiel) la plupart des États leur ont garanti un « chômage partiel », soit un revenu équivalent à environ 80 % de leur salaire net dès le mois d’avril 2020, avec un prolongement dégressif jusqu’en février 2021.
Au niveau du marché de l’emploi, la mise en place du télétravail a permis d’éviter beaucoup de pertes d’emplois. Les travailleurs, même s’ils n’y étaient pas favorables auparavant, ont dû s’adapter et, dans les secteurs où cela était possible, l’activité professionnelle a pu continuer, non sans difficultés. Cependant, la capacité de travailler ou non à distance a renforcé les inégalités puisque ce sont les emplois bien rétribués qui se prêtent le mieux au télétravail (les secteurs de la finance, de l’éducation, de la communication) alors que les emplois dans l’industrie, l’hôtellerie, la restauration, la distribution doivent être effectués obligatoirement en présence, augmentant ainsi le risque de contagion du personnel.
A ce titre, les travailleurs précaires, employés par les grandes plateformes numériques, ont été les plus exposés au virus car perpétuellement au contact du public. En outre, pendant les premiers mois, ils n’ont pas tous été munis de dispositifs de protection adéquats…
Les femmes sont les perdantes au télétravail en période de COVID puisqu’elles doivent travailler chez elles tout en s’occupant de leurs enfants en bas-âge lorsque les écoles sont fermées. Une étude de l’Insee mesurant l’impact de la crise sanitaire sur la société française mentionne que 83% des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour contre 57% des hommes. De plus, 45% d’entre elles assuraient une double journée professionnelle et domestique contre 29% des hommes.
Mais l’inégalité n’est pas restreinte au marché du travail, elle concerne aussi les conditions de vie pendant la période de la pandémie : est-ce vraiment la même chose que d’être confinés à cinq dans un trois pièces et d’habiter dans un vaste appartement ou une maison individuelle avec un jardin ? Certainement pas… Le confinement a d’ailleurs exacerbé certaines situations difficiles : l’explosion de la violence domestique en est un exemple probant.
D’une manière générale, la COVID a aggravé la situation économique des populations qui étaient déjà vulnérables avant l’épidémie, augmentant significativement le taux de pauvreté. Au niveau de l’Union Européenne, la pandémie a entraîné pour 2020 une baisse moyenne d’environ 7,5 % du PIB (10 % en Italie) et les économistes considèrent qu’il s’agit-là d’une crise d’une ampleur bien supérieure à celle de 2008.Au vu de cette situation, l’Union européenne a fait des propositions afin de renforcer le budget des six prochaines années. Ce plan de relance européen s’intitule « Next Generation ». Il prévoit la somme astronomique de 750 milliards d’euros destinés à empêcher les licenciements, limiter les pertes de revenus des salariés, fournir un soutien aux régions les plus impactées par la crise mais aussi préparer l’économie européenne aux défis du 21ième siècle. La plus grande partie des subventions devra être utilisée rapidement afin de parer aux problèmes les plus urgents, le reste accompagnera les investissements de soutien à la reprise, le financement de la transition climatique, la recherche et à l’innovation.
Qu’est-ce qui restera après la COVID ? En premier lieu le développement du numérique dans tous les domaines. En effet, le télétravail est une modalité qui semble s’être installée définitivement. Une enquête de l’Insee ne laisse aucun doute à ce sujet : 7 % des sociétés de 10 salariés ou plus prévoient de recourir à l’avenir au télétravail de façon permanente, 19 % de façon transitoire. Bien sûr, personne ne regrettera le temps perdu dans les transports mais les entreprises aussi ont beaucoup à gagner, ou plutôt économiser, si leur personnel travaille à la maison : réduction des locaux donc des loyers, diminution des dépenses d’électricité, du nettoyage des locaux, des fournitures…Dans le domaine de l’éducation, la fermeture des écoles a naturellement entraîné le développement des outils numériques et a stimulé l’innovation. Les États ont finalement pris conscience de la nécessité de développer les compétences des élèves et des professeurs dans le domaine informatique. Ils se sont activés pour offrir des solutions d’enseignement à distance en collaboration avec les grandes entreprises du numérique en essayant de minimiser les risques de décrochage scolaire.
À cette occasion, beaucoup ont ainsi pu se rendre compte que les enseignants jouent un rôle prépondérant et sont difficilement remplaçables.
Notre mode de vie a changé également, nous avons pris l’habitude de faire nos courses en ligne, d’organiser des apéritifs virtuels, de passer plus de temps sur Internet ou sur des plateformes de streaming, aux dépens de notre santé. Enfin, c’est notre vocabulaire qui a changé, de nouveaux mots sont apparus, certains aux sonorités barbares : cluster, ffp2, hydroalcoolique, déconfinement, gestes barrières, distanciation sociale, des mots que tout le monde voudrait oublier… définitivement.