De nos jours, en parlant de la condition féminine, certains mots apparaissent sans cesse dans les médias: égalité, parité, mixité. Mais de quels concepts sont-ils porteurs?Pour l’égalité la référence est la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : Article premier « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits »,
Article 2 « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ».
La Constitution française de 1946 inscrit l’égalité femmes-hommes dans son Préambule, Article 3 : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme ». La Constitution de 1958 confirme le texte et rajoute, Article premier, « La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales ».La parité signifie que chaque sexe est représenté à égalité dans les institutions.
C’est un instrument au service de l’égalité, qui consiste à assurer l’accès des femmes et des hommes aux mêmes opportunités, droits, choix, conditions matérielles tout en respectant leurs spécificités.
Ainsi un peu partout dans le monde, un certain nombre de lois ont fait avancer l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans de nombreux pays par exemple, la réforme du congé parental pour y inclure une période réservée au second parent fait partie de la notion de parité. On instaure la parité pour qu’il y ait égalité et son obtention est la condition et le signe de l’égalité.La parité est souvent une condition nécessaire de l’égalité, mais non suffisante. En effet, une assemblée peut être paritaire, mais si les hommes occupent toutes les fonctions de décision et les femmes celles d’exécution, elle ne sera pas égalitaire. C’est le cas dans beaucoup de gouvernements, de parlements, de collectivités territoriales, où les femmes restent cantonnées à des délégations ou des commissions traditionnellement affectées à leur « genre » : famille, enfance, affaires sociales…Le progrès de l’égalité juridique entre hommes et femmes, détermine la coexistence des femmes et des hommes dans un espace social commun. C’est ce qu’on appelle la « mixité » sociale. La mixité scolaire, obligatoire en France depuis 1975, en est un exemple.Donc aujourd’hui les démocraties s’efforcent d’accorder aux femmes les mêmes droits et opportunités dont jouissent les hommes. Mais par le passé? On a toujours été bien loin de l’égalité et c’est pourquoi des femmes de grande envergure et de grand prestige intellectuel ont protesté, écrit, lutté pour faire reconnaître leur valeur.Au Moyen-Âge une femme écrivaine d’origine italienne, Christine de Pizan, décrit dans Le livre de la Mutation de fortune le changement soudain de sa situation personnelle, sociale et professionnelle à la suite de la mort de son mari. Issue de la riche bourgeoisie cultivée, restée veuve à l’âge de 26 ans environ, elle se retrouve seule et sans moyens à Paris avec trois enfants à élever et sa vieille mère. Ni son père, homme très réputé à la cour de France, ni son mari, brillant secrétaire du roi, ne s’étaient souciés des finances familiales. Leur disparition est un véritable désastre qui pousse la jeune femme à prendre le relais et à travailler comme un homme pour assurer une stabilité aux siens. Elle devint écrivaine et ouvrit un atelier de copiste.« Et jadis fus femme, de fait
Homme suis, je ne ment pas, (…)
Transmuée me senti toute (…)
Dont m’esbahi, mais j’esprouvay
Que vray homme fus devenu »Vivant sur sa propre peau l’inégalité et les préjugés, Christine de Pizan réagit aux propos misogynes que Jean de Meung affiche dans la deuxième partie du Roman de la Rose et, en participant au débat, elle dénonce le côté immoral, misogyne et obscène du texte. Christine de Pizan poursuit son oeuvre pour défendre la réputation des femmes dans son livre La Cité des Dames où, suivant l’exemple de Boccace, elle présente des exemples de femmes vertueuses. Pour ses idées novatrices, Christine de Pizan est considérée la première féministe.Il faut arriver à la Révolution française pour trouver une autre femme animée des mêmes sentiments. Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, femme de lettres et femme politique, osa publier en 1791 La déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne pour combler le manque de prise de position des révolutionnaires sur ce point. Rattachée à la cause des Girondins, cette femme énergique fut guillotinée en 1793 après avoir accusé les chefs révolutionnaires de trop de violences et de dérive dictatoriale.Que dire de George Sand, qui a adopté un nom de plume masculin pour faire oublier celui plus féminin d’Aurore, mais qui, en outre, s’habillait en homme, menant une vie transgressive et indépendante? George Sand a voulu vivre personnellement les principes qu’elle avait énoncés dans le roman Indiana, teinté d’exotisme sur l’exemple de Bernardin de st Pierre. Pour son oeuvre, mais surtout pour sa vie, elle est sans aucun doute considérée comme une pionnière du féminisme.
Plus rationnelle, Simone de Beauvoir a mené sa bataille pour revendiquer le rôle des femmes à travers un ouvrage révolutionnaire qui fit scandale en 1949, Le deuxième sexe.
Dans le texte l’auteure analyse les causes de la prétendue infériorité des femmes en excluant toute cause venant de l’ordre naturel, comme l’affirmaient déjà au Moyen-Âge les clercs et les intellectuels. Simone de Beauvoir incrimine presque autant les femmes, dont elle dénonce la passivité, la soumission et le manque d’ambition, que les hommes, qu'elle accuse de sexisme. C’est pourquoi, selon elle, l'émancipation féminine réussira grâce à la volonté solidaire des hommes et des femmes.De nos jours ce combat pour l’égalité devient tragiquement d’actualité dans des pays où les droits ne sont pas reconnus et où les femmes demeurent victimes d’une société patriarcale sinon tribale. Cependant, même dans les pays les plus progressistes, le chemin à parcourir est encore long pour parvenir à une réelle égalité entre les hommes et les femmes.