● Stendhal à Florence7« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ».
● Naples pour Alexandre Dumas père8« Or, Naples, à part ses environs, se compose de trois rues où l'on va toujours, et de cinq cents rues où l'on ne va jamais. Ces trois rues se nomment la rue de Chiaja, la rue de Tolède et la rue de Forcella.Les cinq cents autres rues n'ont pas de nom. C'est l'oeuvre de Dédale ; c'est le labyrinthe de Crète ».
● La Sicile de Maupassant9« On est convaincu, en France, que la Sicile est un pays sauvage, difficile et même dangereux à visiter. De temps en temps, un voyageur qui passe pour un audacieux, s'aventure jusqu'à Palerme, et il revient en déclarant que c'est une ville très intéressante. Et voilà tout. En quoi Palerme et la Sicile tout entière sont-elles intéressantes ? On ne le sait pas au juste chez nous. A la vérité, il n'y a là qu'une question de mode. Cette île, perle de la Méditerranée, n'est point au nombre des contrées qu'il est d'usage de parcourir, qu'il est de bon goût de connaître, qui font partie, comme l'Italie, de l'éducation d'un homme bien élevé. […] On sait combien est fertile et mouvementée cette terre, qui fut appelée le grenier de l'Italie, que tous les peuples envahirent et possédèrent l'un après l'autre, tant fut violente leur envie de la posséder, qui fit se battre et mourir tant d'hommes, comme une belle fille ardemment désirée ».
● Gênes pour Zola10« Gênes et Aix, les souvenirs qui me reviennent. Beaucoup de grandeur, mais éparse et triste. L’horreur nauséabonde des vieux quartiers. Les linges tendus aux fenêtres, une corde éloignée du mur par un bâton. Des lessives entières, des draps longs qui pendent, des chemises, des linges blancs, puis le bariolage du linge de couleur. L’odeur faite d’huile rance et de misère ».
● Marcel Proust à Venise11« Le soir, je sortais seul, au milieu de la ville enchantée […] Il était bien rare que je ne découvrisse pas au hasard de mes promenades quelque place inconnue et spacieuse dont aucun guide, aucun voyageur ne m’avait parlé.Je m’étais engagé dans un réseau de petites ruelles, de calli divisant en tous sens, de leurs rainures, le morceau de Venise découpé entre un canal et la lagune […] Tout à coup, au bout d’une de ces petites rues, il semblait que dans la matière cristallisée se fût produite une distension. Un vaste et somptueux campo à qui je n’eusse assurément pas, dans ce réseau de petites rues, pu deviner cette importance, ni même trouver une place, s’étendait devant moi entouré de charmants palais pâles de clair de lune. C’était un de ces ensembles architecturaux vers lesquels, dans une autre ville, les rues se dirigent, vous conduisent et le désignent ».